Voici l’histoire d’un Québécois tripeux de bouette qui décide de partir au Texas à l’événement de boue VTT et Côte à Côte par excellence et surtout, le plus gros au monde. En mode Road Trip …
Toute cette aventure a commencé par un gag sur Facebook où chaque année je publie des photos de l’événement et je demande : « Qui vient cette année au Mud National ? » Évidemment, tout le monde répond à la blague, mais personne n’est au rendez-vous. Il ne faut pas se le cacher : faire 60 heures de route et 5500km à traverser les États-Unis faut être tripeux pas à peu près.
Le Mud National est organisé par Highlifter qui est un des plus gros fabricant et fournisseur de pièces hors route quad de performance au monde. Ils sont situés au Texas là où se déroule l’événement qui nous intéresse. L’événement a lieu au Mud Creek Park de Jacksonville au Texas, et non Jacksonville en Floride. (Il ne faut pas mélanger les deux, car beaucoup de kilomètres séparent les deux villes.)
Mais cette année, je suis un peu plus sérieux dans ma démarche, je publie les photos sur mon groupe Facebook Bouette Québec et je suis sérieux, je veux aller au Mud National 2018. Pour commencer, j’invite mes amis en privé pour parler un peu du projet. Les gars sont enjoués, mais les vacances sont dures à avoir. (Nous devions prendre quelques jours de vacances, car en voyagement, nous avons quatre jours à faire.) Je suis quand même déterminé à aller voir l’événement de boue par excellence alors je continue à publier régulièrement des photo et vidéo des années passées pour réussir à éveiller un tripeux de la gang qui désire vraiment faire le trip. Un beau matin, mon chum Maxim me téléphone et on jase du voyage et il me dit qu’il est partant. Il va prendre les bouchées doubles au travail pour cumuler des congés et va venir avec moi réaliser le rêve de jeunesse qui sommeille en nous. Faut dire que Max aussi est tout un tripeux de bouette. Quelques jours avant l’événement, je commence une pneumonie qui tarde à partir donc je me rends chez mon médecin qui me prescrit des antibiotiques puissants pour chasser cette infection et être capable de faire notre trip. Malgré la toux extrême, il n’est pas question de manquer ça.
Mercredi soir, mon équipement est prêt, on finalise la préparation, on se prépare un itinéraire, on se couche et on attend que le cadran sonne à 3h45 am pour partir à l’aventure…
Quelques heures plus tard (on s’entend que la nuit a été courte), c’est l’heure du départ. Notre CFMoto Zforce 800 2018 de chez Eskape à Chambly est prêt sur la remorque avec ses pneus Gorilla 30 pouces pour aller jouer dans la cour des grandes de la boue. On démarre notre « road trip » direction Texas! Sur le GPS, on nous indique 26 heures de route, alors on fonce. Moi et Maxim, on se rend vite compte que les heures sur le GPS diminuent beaucoup moins vite que le temps réel, mais rien ne nous arrête, on veut faire le trip, on continue. Vers 23h, on décide finalement de s’arrêter, car il nous reste encore 11h de route et pas question de s’endormir au volant donc petite pause dodo pour repartir de plus belle vendredi matin.
Vendredi matin, départ vers 7h00 pour finaliser la route jusqu’au Texas… 11 degrés seulement c’est pas chaud! Nous avons hâte Max et moi d’arriver au chaud. Rendus au Texas, là il fait chaud… 27 degrés avec des percées de soleil. On est rendu en été malgré que nous sommes en hiver encore au Québec! Nos premières impressions sont WOW!! Sur photo et dans les vidéos qu’on regardait depuis déjà plusieurs années, l’événement avait l’air ÉNORME, mais en vrai, c’est encore plus GROS. Chaque machine que nous croisons est plus modifiée et belle que la précédente, on a l’impression de rêver tellement les véhicules sont modifiés. Tous les gros fabricants de pièces de haute performance sont de la partie, donc on profite de l’occasion pour aller faire un tour dans la section des exposants qui est une réussite avec tous les bolides ultramodifiés.
Ensuite, c’est l’heure de passer aux choses sérieuses! On part explorer le terrain qui compte 6000 acres de pur bonheur pour un quadiste amateur de boue. Pour commencer, il y a le chemin de la ligne de haute tension qui est semblable à une route sur le bord de la mer, mais avec de la boue, les gens circulent avec la musique dans le tapis pour le plaisir de montrer leur monture et faire le show. Rendu au bout, on entre dans la section Beach. Tout le monde (environ 200 machines) se réunit autour du lac avec une bière et des chums, nous regardons les plus téméraires s’amuser dans les énormes trous et certains passent la journée autour de ce trou, d’autres terminent leur expérience avec de l’eau dans le moteur donc doivent être remorqués hors de l’eau. Nous, on est plus du type explorateur donc on continue notre route pour se rendre compte qu’un peu partout sur le site, il y a des attroupements de tripeux pris dans la boue et plusieurs véhicules laissés à l’abandon, car ils ont brisé. Rendu le soir, la Beach se transforme en Beach party, la musique joue au fond de partout et les Côte à Côte flashent avec leur barre de lumière multicolore.
Jour 2, on revient de l’hôtel vers le MudCreek et sur le chemin, on aperçoit encore plusieurs Côte à Côte qui s’amusent dans la boue (eux, ils n’ont pas dormi). C’est une belle journée ensoleillée et on profite de notre dernière journée sur place pour explorer le site, car l’an prochain, on va être là pendant une semaine. Notre CFMoto ne passe pas inaperçue ; un arrêt au kiosque de CFMoto USA et les gens nous posent des questions sur le bolide, il se retrouve aussi sur le site américain Side by Side stuff. On a le seul Zforce modifié sur place et il a un look d’enfer malgré les modifications mineures apportées sur la machine. On continue notre route vers la plage et en chemin, on aperçoit les courses de Côte à Côte sur circuit. On y fait une pause et ensuite, on repart vers la plage. Rendu à destination, c’est plus tranquille le matin donc, après quelque temps, on continue à explorer encore le terrain et on a même réussi à perdre notre chemin. Nous avons passé deux fois au même endroit pour finalement nous retrouver. Après le diner, le fun commence : la plage est bondée de monde et les gros Côte à Côte type big foot se donnent à cœur joie dans l’eau jusqu’à ce qu’un de ces bolides tombe sur le côté. Le clou de l’événement : virés sur le côté dans l’eau, les passagers et le pilote dansent sur le bolide durant un bon 3h pour finalement le remettre sur ses roues!
On reprend notre route pour faire le tour du lac et aller se placer l’autre côté et j’aperçois un Polaris Sportsman Edition Highlifter ultramodifié ; on s’arrête pour parler avec le propriétaire des modifications apportées à son engin, il me lance à la blague : « You want to try ? » (Tu veux l’essayer ?) Donc, je réponds : « YES!», sachant bien que ce type de véhicule ne se prête pas facilement. Il le démarre et me dit : « GO! » Je ne me suis pas laissé tenter longtemps pour faire l’essai de son bolide : des pneus de 37 pouces BKT avec un portal lift kit de super atv! Silencieux RJWC, Embrayage CVtech (Produit québécois qui, à ma grande surprise, est utilisé sur une machine hautement modifiée à la sauce américaine) et plusieurs autres modifications extrêmes. Un petit tour dans l’eau avec ce MONSTRE et en revenant de l’essai, je veux un quad comme celui-ci. Au Québec, un véhicule comme ça ne sert à rien vu que les trous de boue sont encore petits, mais aux États-Unis, ça prend un véhicule modifié, car les trous sont énormes.
Voici ce qui termine ce périple au Texas, pays de la boue extrême où les modifications hors norme sont courantes. On retourne à l’hôtel dormir, car le lendemain matin, on repart déjà pour le Québec la tête remplie de souvenirs incroyables. Malgré les 60h de route, ce fut un trip complètement fou et inoubliable qui valait la peine de faire tout ce chemin et voir à quel point notre sport (la boue extrême) est une histoire de famille, malgré les kilomètres et la langue qui nous séparent des gens rencontrés sur place, on avait l’impression d’être de leur famille. Je vais me rappeler de ce périple toute ma vie. Et on se dit à l’an prochain.