Le fabricant BRP offre aux consommateurs une gamme de véhicules hors route bien diversifiée, et chacun y trouve la machine adaptée à ses besoins. Cependant, jusqu’à tout dernièrement, un créneau manquait chez notre fabricant établi à Valcourt.
La catégorie des VCC « Trail » est dominée par Polaris depuis une décennie, mais Can-Am est-elle en mesure de détrôner le fabricant américain? Sans l’ombre d’un doute, il se veut un sérieux prétendant au titre.
En août dernier, la société BRP divulguait quelques bribes d’information sur les réseaux sociaux sur un tout nouveau VCC, pour nous mettre en appétit mais sans divulguer réellement sa progéniture. L’une de ses vidéos ne nous montrait que des reflets dans un cours d’eau, et ceux-ci mettaient l’eau à la bouche des passionnés de la marque pour un nouveau modèle. C’est alors que plusieurs quadistes y sont allés d’hypothèses allant même jusqu’à extrapoler sur la théorie d’un véhicule de type autoquad monoplace pour concurrencer le Polaris ACE. (Ce n’est que partie remise dans le cas de cette supposition, car ce ne semble plus être un secret que BRP plancherait sur ce projet pour concurrencer le fabricant américain dans cette catégorie, où il a fait cavalier seul jusqu’à ce jour.)
Nous avons cependant dû patienter jusqu’au 20 septembre dernier pour la divulgation et la confirmation de ce tout nouvel autoquad. BRP avait convié les médias, les concessionnaires et les membres du Club BRP à Dallas pour une présentation grandiose. Le clou du spectacle fut sans l’ombre d’un doute l’introduction du tout nouveau Maverick Trail 2018.
Cependant, après quelques semaines d’attente, et à notre plus grand plaisir, cette nouvelle descendance a été livrée à notre quartier général de Raven Média. Notre Can-Am Maverick Trail qui fait office de véhicule d’essai est, comme son nom l’indique, dans la gamme des autoquads d’une ampleur de 50 pouces. Il vient combler un espace laissé libre dans le catalogue de Can-Am jusqu’à tout récemment. Chez nos voisins américains, la règlementation dans certains sentiers limite l’accès aux VCC, et un véhicule d’une largeur à peine excédentaire d’un quad permet leur passage. Les sentiers fédérés québécois se veulent également une belle terre d’accueil pour cette nouvelle génération.
Les principaux concurrents chez les fabricants qui proposent déjà leur version « Trail » sont le Textron Offroad Trail de 700 cm3 et les Polaris RZR de 570 cm3et de 900 cm3. Le Maverick Trail de Can-Am se différencie de façon marquée par un empattement de 90,6 pouces, ce qui en fait le plus long de sa catégorie. Les roues sont de 13 pouces plus éloignées comparativement au Polaris RZR de 570 cm3. Cet avantage évident du Maverick Trail lui confère une stabilité pour des randonnées confortables et stables en tout point.
Une motorisation adéquate
Le véhicule dont nous avons le privilège de faire l’essai est équipé d’un moteur Rotax bicylindre de 1000 cm3produisant 75 chevaux-vapeur. Il faut noter que ce véhicule est également offert avec un moteur de 800 cm3fournissant une puissance de 51 chevaux-vapeur. Nous sommes surpris par la fougue de ce moulin et nous avons amplement de plages de couple pour circuler dans les sentiers sinueux dont nous bénéficions pour l’occasion. Nous estimons que la virilité du moteur Rotax que nous avons entre les mains est amplement suffisante pour la vocation en sentier de cet autoquad. Comme son nom l’indique, étant donné qu’il se situe dans une classification « Trail », il serait injustifié de le doter d’une puissance supérieure à ce qui est proposé. Sa plage de puissance lui permet des accélérations vives sans tomber dans l’excès, et une vitesse de croisière adaptée à sa vocation préconisée. Il nous a fallu bien doser l’accélérateur à plusieurs occasions pour garder la maîtrise de cette petite bête indomptée. Par conséquent, nous avons goûté amplement aux possibilités et au caractère de ce bicylindre. Donc, une utilisation judicieuse s’impose par le pilote pour garder le cap sur la trajectoire voulue.
La sélection d’un compagnon de randonnée s’impose
La version de 1000 cm3qui nous a été soumise est pourvue de demi-portes de série plutôt que des filets protecteurs du modèle d’entrée de gamme de 800 cm3. Ces demi-portes avaient soulevé quelques interrogations de notre part lors de notre première introduction à ce nouveau rejeton. Ce questionnement s’est confirmé lors de l’essai : ces demi-portes sont droites, sans bifurcation convexe vers l’extérieur pour conserver sa dimension décriée. Cette disposition fait en sorte qu’elles limitent certains mouvements à l’intérieur de l’habitacle et deux « gaillards » pourraient ressentir une impression de contiguïté. Pour d’autres, cette proximité pourrait s’avérer un atout avec l’être cher. Pour cet aspect, un bon choix de compagnon de randonnée est à prescrire. Le positionnement de la poignée d’extraction est également déficient et profiterait d’une révision. Celle-ci est vis-à-vis l’épaule du pilote et du passager et l’atteindre exige quelques contorsions. Nous aimerions que Can-Am se penche sur cet aspect pour faciliter la sortie.
Enfin de l’espace pour les jambes
L’habitacle offre beaucoup d’espace pour les jambes et c’est une des caractéristiques que le long empattement de ce véhicule lui confère. Comparativement à ses concurrents, le Maverick Trail offre le meilleur dégagement pour les jambes de sa catégorie. Cet avantage est indéniable pour les pilotes de grande stature. L’un des points négatifs fréquemment soulevés concernant les VCC d’entrée de gamme concerne leur exiguïté. Can-Am peut se vanter d’offrir maintenant la version qui permettra de se soustraire à une certaine claustrophobie.
Dans son souci des détails, BRP a équipé cet autoquad de deux coffres sur le tableau de bord. Ceux-ci offrent 17,1 litres de capacité de rangements combinée pour y loger une multitude de petites choses dont nous avons amplement besoin en randonnée. Le volant est ajustable à la hauteur désirée et son cadran digital directement fixé sur la colonne de direction suit le mouvement du volant lors de son ajustement. Le siège conducteur est ancré sur deux glissières qui facilitent la conformité au gabarit du pilote. Les sièges sont très bien conçus et recouverts d’un matériel hydrofuge, et ils offrent un bon soutien latéral permettant de longues randonnées en tout confort.
Le Can-Am Maverick Trail est proposé avec une direction assistée électronique en option sur les modèles de 800 cm3et 1000 cm3. Celle-ci ne fait pas exception à ce que BRP nous a habitué par le passé. Cette direction assistée est assurément la meilleure de sa catégorie et très bien calibrée pour un agrément de conduite. Elle offre suffisamment de contribution pour faciliter la conduite, peu importe la vitesse préconisée.
Notre véhicule d’essai est équipé d’une transmission à variation continue QRS-T (quick response system) complètement redessinée exclusivement pour ce modèle. Cette dernière offre du couple et du punch, mais également de la douceur pour propulser avec aisance cette machine de plus de 1300 livres dans les sentiers sinueux.
La suspension arrière a tout particulièrement attiré notre attention. Les amortisseurs sont installés complètement à l’extrémité du châssis. C’est une particularité jamais vue jusqu’ici dans la catégorie des autoquads. Par contre, il faut avouer qu’ils sont très efficaces avec cette disposition. Ceux-ci offrent un débattement de 10,5 pouces à l’arrière et 10 pouces à l’avant. Ces spécifications sont dans la moyenne pour cette catégorie.
Ce véhicule est offert avec des jantes d’aluminium moulées de 12 pouces pour sa version EPS (direction assistée), mais également de jantes d’acier pour sa version d’entrée de gamme. Des pneus de 26 pouces de marque Carlisle chaussent ce véhicule de sentier. Ces pneumatiques nous laissaient perplexes au premier regard, étant donné leur réputation. Dans le cadre de notre essai, nous avons pu les soumettre à différentes conditions, et ils ont offert une adhérence moyenne, mais sans plus.
Le Maverick Trail dispose de 4 modes de traction. Il nous permet de choisir entre le 2×4, le 4×4, et chacun peut être jumelé au différentiel arrière bloqué.
La version d’essai que nous avons en mains offre deux modes de conduite soit Eco et Sport. Cette caractéristique permet d’adapter le véhicule à nos attentes par la simple permutation d’un commutateur.
Notre appréciation
Suite à l’introduction de cette nouveauté, nous avions hâte d’éprouver les promesses de BRP concernant son nouveau Maverick Trail. À notre plus grand bonheur, Can-Am nous a proposé un exemplaire fraîchement sorti de l’usine pour un essai exhaustif.
Au premier regard, son esthétisme réussi confirme l’identité de son fabricant. Ses lignes et ses phares avant ressemblent beaucoup à ceux du modèle X3 présenté un an auparavant. L’accessibilité aux fluides est également un point fort et Can-Am n’a pas lésiné sur ces aspects pratiques.
Les premiers tours de roue préconisaient une conduite plutôt réservée, mais au défilement des kilomètres successifs, cette gêne s’est estompée et c’est à ce moment que nous avons pu savourer le plein potentiel de cette nouvelle bête.
Sa motorisation fougueuse nous permettait des dérapages de l’arrière-train avec une facilité déconcertante, sans crainte pour notre sécurité. Son centre de gravité relativement bas permet des manœuvres en toute impunité avec une dose de parcimonie.
En conclusion, nous ne pouvons nier que le Maverick Trail profite de l’ADN de Can-Am. Ses phares avant à DEL sont inspirés directement de son grand frère : le Maverick X3. Cependant, il ne faut pas s’attendre au niveau de performance moteur auquel BRP nous a habitués sous la dénomination « Maverick ». Ce véhicule n’offrira pas d’accélérations fulgurantes et n’a pas de suspension digne des « trophy trucks » comme son grand frère. Le Maverick Trail a, comme son nom l’indique, une vocation pour la randonnée en sentier. Dans cette catégorie, il est en mesure de tirer son épingle du jeu et il pourra satisfaire les amateurs de balades. Son étroitesse oblige une utilisation sage et réfléchie. C’est cette notice d’emploi qu’il faut privilégier.
BRP offre déjà plus de 120 accessoires pour personnaliser cette nouvelle monture. Ceux-ci vous permettront de construire un Maverick Trail à votre image et selon vos besoins. Nul doute que cet autoquad nous a conquis par ses qualités, son dégagement pour les jambes, son moteur fougueux à souhait et sa conduite agréable. Can-Am a visé dans le mille et nous ne serions pas surpris d’en compter par milliers dans nos sentiers au cours des prochaines années.